Sous les vagues des Landes : journal d’une plongée inoubliable entre lac et océan

Plongeur a la surface

Il est 7h30 à Capbreton. Le soleil se lève lentement sur les pins, encore engourdis de rosée. Les ruelles sont calmes, la ville somnole, mais le port s’agite déjà. Une brise légère agite les drapeaux des clubs nautiques. J’ai rendez-vous avec l’océan.

Je suis dans les Landes pour quelques jours. Surf, marché, forêt… et aujourd’hui, plongée sous-marine. Un vieux rêve d’enfant, remis à plus tard mille fois. Et si ce matin, c’était le bon moment ?

Capbreton, là où commence l’abîme

Le port de Capbreton n’a rien d’exotique en apparence. Des bateaux de pêche, des catamarans, des familles qui promènent leur chien. Pourtant, sous cette façade tranquille, le sol s’effondre. Juste au large, le canyon de Capbreton plonge dans les profondeurs comme une cicatrice oubliée. Certains disent qu’il descend à plus de 3000 mètres. Une faille géologique, un gouffre mystérieux, un aimant à vie sous-marine.

Je ne plongerai pas dans ce canyon aujourd’hui. Pas encore. Mais rien que de savoir qu’il est là, si proche, ça donne le vertige.

Un café, un brief, une combinaison

Le club est petit mais chaleureux. Pas de chichi. L’équipe m’accueille avec un sourire, un café, une bonne humeur contagieuse. Moniteur barbu, accent local, tchatche facile.

« C’est ta première en Atlantique ? »
« Oui. Et même, ma première plongée depuis deux ans. »

On discute sécurité, conditions météo, signes sous l’eau. Le vent est calme, la houle modérée, l’eau à 20°C. On me file une combinaison, un bloc, un masque, un gilet stabilisateur. J’ai l’impression de réendosser un vieux costume, celui que j’avais laissé au vestiaire d’une autre vie.

Cap au large

On grimpe à bord d’un semi-rigide. Le moteur ronronne. À l’arrière, les bouteilles tintent doucement. Au loin, la ligne d’horizon fond dans un gris-bleu laiteux.

La côte landaise vue depuis la mer, c’est autre chose. Immense, droite, un mur de dunes, de pins et de silence. Le genre de décor qui te rappelle que tu n’es qu’un petit souffle d’air au bord d’un monde beaucoup plus vaste.

On coupe les moteurs. L’ancre tombe. Silence.

« C’est ici. »

Plonger dans l’Atlantique, c’est plonger dans le réel

Je bascule en arrière, et soudain… tout change.

Le monde devient liquide, feutré, étrange. La fraîcheur m’enveloppe. Mon cœur ralentit. Je retrouve cette sensation unique : la légèreté dans l’apesanteur, le corps suspendu, l’esprit calme.

La visibilité n’est pas parfaite. Un peu de particules en suspension, typique de l’Atlantique. Mais qu’importe. Je suis sous l’eau. Enfin.

Un monde discret mais vibrant

À quelques mètres de fond, le sable forme des ondulations fines comme du lin. Des congres dépassent timidement de leur cachette. Un banc de mulets passe en file indienne. Au loin, une raie se soulève du sol dans un nuage de sable.

Ce n’est pas une plongée tropicale. Pas de coraux multicolores. Ici, la beauté est discrète, rugueuse, presque pudique. On sent que ce monde-là ne se donne pas facilement. Il faut le mériter.

Un homard se faufile entre deux rochers. Mon moniteur me montre une anémone verte fluo, posée comme un bijou oublié. Un crabe m’observe, immobile, en position de ninja.

Sous l’eau, le temps s’étire

Je ne sais plus depuis combien de temps on est là. Dix minutes ? Trente ? Une heure ?
Le temps, ici, n’a plus la même valeur.
Je respire lentement, je flotte, je regarde, j’écoute le silence. C’est méditatif, presque chamanique.

Et puis vient le signe de la remontée. Lentement. Un palier. La surface. L’air. Le ciel.

Retour au port, pain au chocolat…non !! Chocolatine ! et yeux brillants

De retour à terre, on débriefe autour d’un pain au chocolat encore tiède.
« Alors, ça t’a plu ? »

Je souris. J’ai du sel sur les lèvres, les cheveux en bataille, le cœur léger.
C’est plus qu’une plongée. C’est un retour. Une reconnexion.

L’après-midi au lac, comme un contrepoint

L’océan m’a secoué, brassé, éveillé.
Mais pour l’après-midi, on me propose un autre décor : le lac de Capbreton.

Un plan d’eau tranquille, entouré de pins, aux reflets verts et or. L’eau y est plus chaude, plus douce. Ici, on apprend, on teste, on joue. J’y croise des enfants qui font leur baptême, des couples qui découvrent, des anciens qui révisent leur flottabilité.

Pas de vagues, pas de courant, juste le plaisir simple de glisser sous la surface, sans stress.

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